MIRO (1893-1983) au Grand-Palais...

Voici Joan Mirô comme vous ne l'avez jamais vu depuis 40 ans au Grand Palais !

L'exposition est incontournable pour les " amoureux " de notre homme ; les très grands formats des dernières salles sont éblouissantes de simplicité et de beauté ; elles seules justifient le déplacement... " mes toutes dernières oeuvres, ce sont les trois grandes toiles bleues. J'ai mis beaucoup de temps à les faire. Pas à les peindre, mais à les méditer. Il m'a fallu un énorme effort, une très grande tension intérieure pour arriver à un dépouillement voulu. L'étape préliminaire était d'ordre intellectuel... C'était comme avant la célébration d'un rite religieux. Oui. Comme une entrée dans les ordres... "



C'est la lecture de la correspondance de Mirô et Calder (1928-1976) qui est à l'origine de l'idée même de cette exposition. Les deux artistes ont un coup de foudre amical... " Nous nous sommes aimés immédiatement " nous confie Mirô. Leurs imaginaires créent une complicité entre les deux hommes et tout un dialogue de création s'instaure entre les deux artistes. Un jour Calder écrit un petit poème qui commence ainsi : " Miro, miroir ". L'œuvre de Mirô est bien le miroir dans lequel on peut lire tout un pan de l'histoire de l'art moderne, incontournable pour apprendre et comprendre les évolutions de l'art au XX e siècle... 
Mirô nous apparaît d'abord et essentiellement comme un poète en peinture ; voilà comment il définit sa démarche : "...recherche des sons perçus sous le silence, du mouvement dans l'immobilité, de la vie dans les objets inanimés, de l'infini dans le fini, des formes dans le vide, et, moi, dans l'anonymat... "

Les titres même de son oeuvres sont des poèmes en soi... " La Marche pénible guidée par l'oiseau flamboyant du désert " (1968)... ou encore " L'oiseau éveillé par le cri de l'azur s'envolant sur la plaine qui respire " (1968)... Et si vous lui demandez : " Qu'est-ce que cela représente ? Il vous répondra " Rien. "



Mirô, c'est un monde en soi. Il " rêve un autre monde ". (" la couleur de mes rêves "...) Il se remet continuellement en question, on suit son évolution de salle en salle ; il n'adhère à aucune école, à aucun groupe, il se méfie des chimères artistiques. Dés 1920, il exprime sa volonté " d'assassiner la peinture. " Dans ce corps à corps avec la matière, avec une énergie " primitive " il est l'un des rares artistes avec Pablo Picasso à avoir lancé un défi au surréalisme et à l'abstraction. Inventeur de la " forme ", il traduit avec puissance et poésie la liberté dont il est si farouchement jaloux, en redonnant à la peinture tous ses pouvoirs. 



Cette poésie, cette liberté, ce don de la couleur vous le retrouverez dans " la maison " d'Amelie rue Clauzel à Paris ; et si Mirô vivait encore il serait certainement un artiste et ami d'AMELIE.

Jusqu'au 4 Février 2019, au Grand Palais