Zeuxis visite la Méditerranée !

Mariés à 19 et 22 ans Marguerite et Aimé Maeght ont consacré leur existence à l'art et à la promotion d'artistes. La collection compte à peu près 900 œuvres "majeures".

Aimé transforme rapidement l'imprimerie qu'il ouvre en 1932 à Cannes en galerie d'art. Son ami Pierre Bonnard le stimule : "Bonnard a été le grand tournant de ma vie". En 1942 il s'installe avec Marguerite, son alter ego, au Mas des Orangers, (voisins de Matisse) et de nombreux artistes s'y invitent. Poussé par Bonnard et Matisse, Aimé ouvre à Paris en 1945 "La galerie Maeght" qui devient vite le rendez-vous des peintres, sculpteurs, poètes et écrivains... Chagall, Derain, Léger, Miró, Calder, Giacometti rejoignent la galerie.

En 1953, leur deuxième fils Bernard meurt d'une leucémie ; ce drame sera un tournant décisif ! Aimé et Marguerite se retirent effondrés de chagrin à Saint-Paul de Vence. "C'est Georges Braque qui m'a incité à entreprendre quelque chose qui dépasse ma peine : un lieu d'art moderne parmi le thym et le romarin. Fernand Leger m'a dit : si tu fais ça je t'apporte ma barbouille ; je peindrai même les rochers." Ainsi se profile l'idée de créer un lieu privé, dédié à l'art vivant. Marguerite et Aimé partent aux Etats-Unis pour visiter les grandes fondations telles que Barnes ou Guggenheim. C'est un véritable défi : dompter la lumière méditerranéenne et créer un centre d'art loin de Paris. En 1960 le chantier est lancé avec l'architecte catalan Josep Lluís Sert.

Dans les jardins, Miró imagine son "Labyrinthe", Chagall met en œuvre "La Vie", Giacometti investit la cour de la fondation de son "Homme qui marche", de sa "Femme debout" et de sa "Grande tête", Calder installe entre les pins son grand Stabile et Braque signe le vitrail de La Chapelle. La fondation, animée par le chant des cigales, sera inaugurée par André Malraux le 28 juillet 1964.

Depuis la Fondation Maeght est mondialement reconnue comme un haut lieu de l'art moderne et contemporain. Elle organise des expositions temporaires ; en ce moment c'est l'artiste espagnol Eduardo Arroyo qui occupe une grande partie des murs jusqu'au 19 novembre.

Puisque nous sommes là, il serait dommage de ne pas aller jusqu'à La Chapelle du Rosaire des dominicaines de Vence. Cette chapelle est l'aboutissement de toute la vie de Henri Matisse. On en sort émerveillé et ébloui : "je veux que ceux qui rentrent dans ma chapelle se sentent purifiés et déchargés de leur fardeau." Henri Matisse n'a pris que trois couleurs pour ces vitraux (le vert, le jaune et le bleu) tandis que des céramiques noires et blanches expliquent le "chemin de croix". Tout est beau, lumineux et incite au recueillement.

Zeuxis est totalement séduit par la magie de ces deux lieux qui méritent à eux seuls l'hommage du chant des cigales tous les étés.

Joan Miró

Alexander Calder

La Chapelle de Rosaire © David Dumhall