L'analyse du Cri de Munch

A l'occasion de son accrochage à la Fondation Louis Vuitton, nous nous sommes réunis pour étudier la très célèbre toile de Munch : le Cri de Munch, avec une critique d'art du musée 

D'abord intitulée "Le Cri de la Nature" l'œuvre existe en cinq versions produites entre 1893 et 1910 : trois peintures, un pastel et une lithographie. La plus connue est une tempera sur carton conservée au musée Munch à Oslo. 

Chacun à cette vision de ce personnage, tenant sa tête (de mort!), entre ses mains longues et fines, les yeux sont écarquillés d'épouvante, la bouche béante pousse un cri silencieux. Le ciel est ardent, couleur sang, ondulant et mouvant , la mer est sombre et l'être spectral marche le long d'une fragile balustrade. Deux ombres inquiétantes, silhouettes fantomatiques, s'éloignent d'un pas menaçant vers l'horizon ; la scène n'offre aucune échappatoire... En le regardant vous en avez "la chair de poule"... C'est normal vous contemplez l'un des tableaux les plus anxiogènes de sa génération : " Le Cri" d'Edvard Munch. C'est un tableau qui fait partie d'un ensemble de six peintures : "La Frise de la Vie"... qui fit scandale, le public accueillant Munch comme une provocation anarchiste. Ce Cri a été poussée en 1893 dans une société Scandinave (Munch est norvégien) , qui est conformiste, puritaine et bourgeoise. 

L'artiste, expressionniste, est tourmenté et hanté par la mort, la maladie et la souffrance (éprouve dés son plus jeune âge, il porte une enfance très difficile). Cette toile (d'où sa puissance perturbante) serait l'incarnation de son mal être, il souffre de dépression nerveuse et d'hallucinations. En proie à des délires fantasmagoriques, il les décrits lui même dans son journal le 22 janvier 1892..."Je me promenais sur un sentier avec deux amis - le soleil se couchait, tout d'un coup le ciel devint jaune et rouge sang ; je m'arrêtais fatigué et m'appuyais sur une clôture - il y avait du sang et des langues de feu qui éclaboussaient le sentier ; mes amis continuèrent et je restais tremblant d'anxiété ; j'ai senti monter en moi un grand cri et j'ai entendu ce Cri infini qui passait à travers l'univers et qui déchirait la nature... "Ce coucher de soleil d'un rouge flamboyant était vraisemblablement provoqué par les cendres émises lors de l'éruption du volcan Krakatoa en 1883. Le paysage en arrière plan est le fjord d'Oslo vu d'Ekeberg. Et le visage est inspiré d'une momie retrouvée au Pérou que Munch aurait découvert lors d'une exposition à Paris. 

Ce qui intéresse surtout Munch ce sont "les impressions de l'âme et non celles des yeux". Il vit l'art comme une vocation ; il s'agit pour lui d'un "flux de conscience". Le rouge dans sa symbolique le renvoie au feu, au sang et à la souffrance... Comme les touches de bleu-noir dans la lande préfigurent la mort et le vide.

C'est un tableau empreint de violence et d'un réel malaise. Le Cri a eu de nombreux échos ; souvent utilisé pour symboliser l'homme moderne emporté par une crise d'angoisse existentielle ; il a été sérigraphié par Andy Wahrol. Il a inspiré des livres et des BD, des films et des dessins animés, des musiques et des artistes ; plusieurs fois volés ; toujours retrouvés... "Le Cri de la Nature"... est inestimable.

À Bientôt chez Zeuxis où enfin, l'art n'est que plaisir des yeux, charme et sérénité...