Une balade au musée Marmottan, du rêve à la lumière

C'est une très belle exposition ! On voyage et on y découvre tout le fantasme de l'Orient dans les tableaux qui nous sont présentés ; les  peintres européens du IXXe siècle changent de regard et de pratique en découvrant la lumière et les paysages de l'Orient méditerranéen... Mystère fantasmé de l'Orient, beauté et sensualité de la femme ! Ainsi l'exposition s'articule autour de ces deux axes : Paysages et Figures. On revoit avec bonheur la Petite baigneuse d'Ingres qui incarne le rêve de la beauté féminine idéale. Dans la première salle on est surpris de découvrir ce petit tableau de Klee qui travaille la couleur pure : un paysage en immersion dans la lumière... presque déjà abstrait


Des années 1800 à la naissance de l'abstraction, on redécouvre ici des peintres oubliés... tels que Landelle, ou encore Jean Léon Gérôme ; impressionnés par les détails, les contrastes d'ombre et de lumière qui rendent toutes ces scènes (Harems, marchés...) incroyablement réalistes, alors qu'elles sont souvent une invention de l'artiste. Bien-sûr Ingres (et ses Odalisques ) ainsi que Delacroix ont la place qu'ils méritent ; ils engendrent à travers les siècles une postérité qui s'épanouira de Corot à Chassériau. 


Édouard Debat-Ponsan peint ce tableau " Le Massage, scène de Hammam " juste à son retour de voyage de Constantinople en 1883 : sur fond de mosaïque bleue (inspirées des décors ottomans ), il peint une sorte d'Olympia inversée et orientalisée... Est-ce une réponse à Manet...!? Ce n'est pas impensable quand on voit la célébrité scandaleuse du tableau (exposé en 1865)... quoiqu'il en soit, il est aussi beau et aussi " scandaleux ! " que celui de Manet ! 


De Debat-Ponsan à Gérôme ou Leroy, les courbes des corps répondent à celle des arabesques décoratives ; l'audace des couleurs exacerbe la sensualité évocatrice des modèles, souvent " déguisés "avec les parures, vêtements et objets rapportés des voyages. 
C'est une jolie balade, un voyage facile pour ceux qui n'ont pas le temps de prendre l'avion. Il ne manque que les parfums des épices !