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du 7 au 20 mars 2024
Catherine Danou
Catherine Danou ne coche pas les cases. En sortir, y rester sont les vastes questions posées par ses grilles inachevées, couvertes d’empreintes, d’écritures, de signes indéchiffrables tracés à la main ou au pinceau. Avec cet index de taches a priori semblables et pourtant différentes, l’ex-juriste renverse l’ordre établi. Le Lokta, son support favori, se range à son avis : fabriqué à l’Est de l’Himalaya, ce papier traditionnel népalais recèle des ficelles qu’elle enlève ou dédouble, modifiant la trajectoire de ces lignes de vie. Nuance et consistance varient selon la saison des pluies : neige ou café, frêle ou armé, le profil, jamais type, guide sa “musique” jouée sans cesse en sourdine. Qu’elle trafique l’envers, blanchisse ou bâtisse l’endroit, Danou va à l’économie, écartant les gestes inutiles pour faire place au hasard. Ainsi de ses “coïncidences”, papiers déchirés assemblés à la hâte selon les accords de bords, les désaccords de tons. Sa gamme “rabattue” n’est pas sans couleurs : rouge et menthe, bleu et jaune forment ça et là des couples désunis dont l’harmonie rappelle les partitions de Paul Klee, de Nicolas de Staël. Ailleurs, l’outrenoir de Soulages infuse ses trames proches des alphabets secrets d’Henri Michaux ou de Pierrette Bloch. Car c’est dans l’intervalle, là où “l’œil circule”, affranchi mais partout sollicité, que l’œuvre parle. Ou plus exactement, “murmure”.
Lili Delaroque
Dans la terre, seules ses mains plongent, mais tout son être se noie. La pêche est souvent bonne. Car Lili Delaroque remonte dans ses filets des perles par milliers. Pâles ou brunes, couleur de sable ou d’algue, ces corolles mates en céramique semblent venues du fond des mers. Chacune a sa forme fragile, ses courbes lisses, comme polies par le ressac, parfaitement imparfaites. Lili Delaroque accueille l’accident : vivante, sa matière première lui tient tête, docile quand elle est zen, rebelle quand son esprit s’égare, que ses gestes se font gauches. Aussi veille-t-elle à garder l’équilibre, cette paix intérieure sans laquelle rien n’arrive. Elle qui voue un culte au Japon, une passion ancienne jamais passée, dit “honorer” l’argile qu’elle regarde monter, sécher, avant de l’enfiler sur des ficelles de chanvre, du métal rouillé, de vieux lins, toutes sortes d’objets trouvés, naturels et pauvres. Ainsi de cette corde nippone rayée de grès beige et bleu cobalt, entortillée au mur comme la mue d’un serpent. Ou de ce Noren bricolé avec des coussins fatigués, “galettes” soufflées à la palette crème reliées les unes aux autres par des “plus”, croix profanes cousues à intervalle régulier. Nasses ou colliers, ces antiquités cultivent l’art de la main, un art insulaire, nourricier, celui des origines. Et invitent au voyage immobile, souvenirs d’un quelconque rite, avant-goûts d’un possible départ
Virginie Huet
Du 18 janvier au 18 mars
Les objets De La Espada conçus par Anthony Guerrée explorent l’artisanat et la géométrie dans des formes sculpturales audacieuses inspirées par le rêve récurrent du designer de passer une nuit étoilée dans le parc de Joshua Tree à contempler l’astérisme du Triangle d’été. Reflétant l’affinité du designer pour les beaux-arts, le design et l’artisanat, les pièces présentent des lignes artistiques et des techniques artisanales innovantes, tout en offrant confort et fonctionnalité. « Je suis très fière et enthousiaste d’exposer pour la première fois mes œuvres De La Espada dans ma ville natale, Paris. Qui plus est, chez Amelie Maison d’Art, qui est ma galerie d’art préférée à Paris. Organiser une exposition de meubles dans une galerie d’art comme Amelie Maison d’Art revêt une signification profonde, car elle brouille les frontières traditionnelles entre l’art et le design. Chaque meuble devient une œuvre d’art fonctionnelle, fusionnant harmonieusement l’esthétique et l’utilitaire », déclare Anthony Guerrée. « Tout au long de nos 30 années d’activité, l’art a eu une influence croissante sur nous, notamment en ce qui concerne notre perception de la couleur et les quelques endroits où l’art et l’artisanat se sont croisés dans l’histoire de l’art récente, comme dans l’œuvre d’Anni Albers. Nous sommes donc ravis d’exposer dans cette magnifique galerie et de partager l’espace avec des artistes inspirants », ajoute Luis De Oliveira, cofondateur de De La Espada..
Jusqu'à Mars 2024
Du 16 au 29 mai 2024
du 6 au 22 juin 2024
Juin 2024
Du 19 septembre au 2 octobre 2024
Septembre 2024
Mars 2016
Voici, me dit Claire de Chavagnac Brugnon, en me montrant son carnet : une promenade que j'ai faite à Amsterdam. La première chose qu'on voit sur la page, c'est une série de taches, chacune aussi petite que l'empreinte d'un chat. Non, ce qu'on voit, c'est un rythme de couleurs, partant de la gauche vers la droite et du haut vers le bas. Ce qu'on voit, on l'entend - presque.
Dans le balancement entre l'œil et l'oreille on est pris, comme nous prend un morceau de musique à la radio en voiture ; on arrive à destination sans éteindre le moteur ; même à l'arrêt, le mouvement reste irrésistible. En l'occurrence, celui d'un trajet à Amsterdam, où un jour l'artiste s'est promenée. Ces tons rappellent des pavés luisants, des reflets fluides des vitres sur les canaux, des lames du ciel coupant les profondeurs glauques de l'eau. Ce qui importe, pourtant, ce n'est pas l'origine mais le jeu des couleurs, le rythme des signes, leur ricochet sur le regard et l'ouïe du présent. Chaque empreinte est tour à tour la traduction du souvenir en lumière, de la lumière en pigment, du pigment en écriture musicale.
Extrait du texte de l'écrivain Denis Hirson dans "Claire de Chavagnac-Brugnon, LA TEXTURE DU TEMPS" aux éditions Lelivredart, 2014.